Histoire & patrimoine
Histoire
À en juger par le nom des villages, on pense qu’une vaste forêt aurait jadis enveloppé Brandivy.
Ce lieu est habité dès la Préhistoire.
Il a été découvert au village de La Forêt trois haches polies en dolérite (roche magmatique très peu vitreuse, de structure intermédiaire entre celle, microlitique, d'un basalte et celle, grenue, d'un gabbr) du Néolithique : deux d'origine probablement votives (objet offert pour s'acquitter d'un vœu) ou ayant servi au troc de marchandise, la troisième plus volumineuse a dû servir de percuteur. Il a été également trouvé des urnes de la fin de l'Âge du Fer et Gallo-romaines.
En 1969, lors d'un défrichement, ont été découverts des sites à enclos près des villages de Kerlande, Porh Guennec et Le Cordier, l'un rectangulaire de 45 x 31 m, l'autre elliptique de 40 x 32 m, dans lequel a été mis à jour un habitat de pierres sèches dont la toiture était soutenue par un poteau central. Les fouilles ont permis de recueillir un mobilier important (céramiques). Leur construction remonte à l'Âge du Bronze et à l'Âge du Fer.
Pendant le Haut Moyen-Âge, le Loc’h est dominé par plusieurs mottes féodales (motte castrale : type particulier de fortification de terre qui a connu une large diffusion au Moyen Âge. Elle est composée d'un remblai de terre rapportée volumineux et circulaire, le tertre). Leurs emplacements subsistent à Néherlann (commune de Grand-Champ), à l’ouest de Névédic, et probablement à Castelguen. Les ruines imposantes du château fort, construit en l’An mille par le baron de Lanvaux, se dressent encore à proximité de l’Étang de la Forêt (restes d’une des plus vieilles baronnies de Bretagne).
En 1138, à la demande du baron de Lanvaux, l'abbé RUAUD fonde "aux portes du château" et avec l'aide de moines ligériens (relatif à la Loire), l'abbaye de Lanvaux. À partir de cet établissement commencent les défrichements et la mise en valeur des landes et bois qui couvrent le territoire.
En 1247, le baron de Lanvaux est emprisonné au château de Suscinio par le duc Jean 1er LE ROUX qui lui confisque ses terres. En 1270 leurs terres sont restituées aux Lanvaux après que Geoffroi de Lanvaux ait juré de servir le duc. Cette trêve dure peu puisque, dès 1272, Alain 1er de Rohan combat Lanvaux au nom du duc. Les terres lui sont à nouveau confisquées.
Ces terres sont en partie cédées aux chapelains de la chapelle Saint-Michel d'Auray le 6 février 1383 (deux cents livres de rente à prendre sur les revenus de la châtellenie de Lanvaux). En 1451, le duc Pierre II précise que la baronnie de Lanvaux est depuis longtemps réunie "au corps du duché de Bretagne". En décembre 1463, Lanvaux et son château sont donnés par le duc François II à André de Laval (sire de Lohéac et maréchal de France). En 1484, Louis de Rohan-Guémené est fait baron de Lanvaux.
Jusqu’en 1514, la baronnie de Lanvaux appartient aux Rohan, puis aux seigneurs de Grisso.
Avant la Révolution, Brandivy dépendait du Comté de Largoët dans la sénéchaussée d’Auray. Ancienne trêve (église dépendant d'une autre paroisse) de Grand-Champ, elle est érigée en paroisse distincte en 1802 à la suite du concordat (accord, traité) de 1801. Elle devient une commune indépendante le 4 juin 1862.
La Mairie
Il s'agit à l'origine du presbytère de la paroisse de Brandivy, édifié par l'abbé Carado, curé de Brandivy, avec les matériaux de l'ancienne chapelle de Brénédan. Au dessus de la porte d'entrée est gravé 1828.
L’église
L’église Saint-Aubin (XVe et XVIIIe)
Détruite par un incendie le 4 juillet 1728, elle est reconstruite en 1732. À la Révolution, elle hérite d'une cloche et des stalles de l'abbaye de Lanvaux. Ce monument a fait place en 1884 à une nouvelle église, œuvre de l'architecte MAIGNÉ, terminée le 22 décembre 1885. Les vitraux datent de 1886 et sont l’œuvre d’Ernest-Victor LAUMONNIER, peintre vitrier de Vannes.
Les plans de la flèche édifiée en 1902 sont l’œuvre de J. LE TROUHER. Le banc seigneurial porte les armoiries des familles MAILLE et D’ANGLADE, ainsi qu'une devise "Bien faire et laisser dire". L'église abrite les statues de la Vierge (foulant aux pieds le serpent du mal), saint Laurent (patron de la paroisse avant la reconstruction) et saint Aubin. On y trouve une plaque commémorative de l'abbé RUAUD (1888), premier abbé de l'abbaye de Lanvaux (en 1138) et évêque de Vannes (en 1144).
Les chapelles
Chapelle Saint Laurent (XVIe)
Rien de plus modeste mais aussi charmant que la chapelle Saint Laurent accroupie en bordure du village du même nom. Un petit clocheton (entre 1630 et 1636) carré la signale de sa courte flèche conique encadrée de quatre petits cônes à boule.
Elle fut construite par les seigneurs de Kerberhuet au début du XVIe.
- la porte est en arc brisé à l'ouest, ourlée d'un tore ;
- la porte méridionale est en anse de panier, décorée d'une accolade fleurie et où se lit le blason des seigneurs de Kerberhuet "de gueules à trois macles d'or" ;
- les fenêtres de chevet sont à ébrasement concave ;
- la table monolithique de l'autel, moulurée sur son pourtour, s'adosse toujours au mur du chevet.
Dans la commune, le culte de Saint Laurent, martyr sur le gril, remonte à des temps très éloignés. On peut noter d'ailleurs que la chapelle qui lui est dédiée est construite sur un lieu marécageux.
La légende veut que la chapelle dut être construite de l'autre côté du ruisseau qui sépare la limite entre les communes de Brandivy et Grand-Champ. Mais la charrette qui portait l'autel céda à l'endroit même où elle s'élève aujourd'hui, et les hommes entendirent là un message de Saint Laurent.
Pour abonder dans le sens de la légende, on dit que la pierre de l'autel se brisa sur un côté dans sa chute. Et on aperçoit aujourd'hui en effet, le coin brisé de l'autel.
Grotte et Chapelle Notre Dame de Lourdes (XXe)
On ne peut évoquer ici seulement la chapelle, tant son environnement et en particulier la Grotte, composent d'avantage l'histoire du lieu.
La chapelle est la plus récente du pays, puisqu'elle date de 1998 ! C'est le recteur de la paroisse, Ambroise GUILLO, dit "le bâtisseur", qui fit don de l'édifice à la paroisse. Artisans et associations du pays ont œuvré à la réalisation.
La voûte est en forme de bateau retourné et peinte d'un joli bleu, qui n'est pas sans rappeler la mer, Ambroise GUILLO avait officié à Belle-Ile.
Elle est parfaitement éclairée par un vitrail latéral à prédominance bleue qui accentue encore cette sensation de sérénité. Les vitraux sont une réalisation du Maître Verrier Didier BRILLOUET qui habite le bourg.
La chapelle fut bénite par Monseigneur GOURVES, évêque de Vannes, le 13 septembre 1998.
La Grotte
Tout a commencé en 1912, quand le père LE LEUCH, alors recteur de Brandivy, remarque cette falaise rocheuse qui domine le Loc'h.
Il lui trouva des ressemblances avec le Rocher de Massabielle au bord du Gave de Pau.
A la suite de quelques aménagements, il fit porter une statue de Marie. Les pèlerins vinrent nombreux à la Grotte Notre Dame.
Bon nombre d'ex-voto qui ornent les rochers témoignent de leur reconnaissance à la Vierge.
Le pèlerinage a lieu en août, et le centenaire du Pardon a été fêté avec succès en 2010.
Le lavoir
Le lavoir du bourg (XXe)
Pour accéder au lavoir, il faut emprunter la petite route pittoresque qui passe entre l'église et la mairie, passer les belles chaumières sur votre droite, descendre la côte et tourner sur la gauche en empruntant un chemin assez large.
Le lavoir se situe non loin de l'ancienne fontaine Notre Dame des Neiges aujourd'hui abandonnée.
Par contre, on trouve à proximité immédiate du lavoir une fontaine christianisée. Quelques personnes fréquentent encore ce lieu pour y laver à l'ancienne et commenter l'actualité.
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Les fontaines
Fontaine de Saint Laurent
Au pied de la chapelle demeure une fontaine dont l'eau est d'une clarté profonde.
A quelques mètres de la chapelle, une autre fontaine profite d'un simple bassin sans autre ornement
Fontaine du lavoir (XXe)
La fontaine protège la source. Elle est composée de deux murets d'un demi-mètre de haut, couverts d'une dalle surmontée d'une croix de moins d'un mètre.
Elle symbolise la christianisation du lieu. La présence d'une croix rassurait vivement les populations, se sentant "protéger".
Le petit monument semble dater du début XXe comme le lavoir.
Fontaine et oratoire de ND de Lourdes (XXe)
Placés discrètement à l'arrière de la chapelle, se trouvent un oratoire et une fontaine aussi récents que l'édifice religieux.
Le premier abrite une statue de Saint Joseph, la seconde protège la source qui s'écoule le long de la roche.
Autre patrimoine d'intérêt
La Tombe des 7 trous
Le Martyr anonyme des 7 trous...
Un prêtre qui portait le viatique (provision — nourriture ou somme d'argent — donnée pour un voyage) au village des Granges, en lisière de la forêt de Lanvaux est dit-on enterré ici. Au moment de quitter le Parc-Au-Duc pour entrer dans le bois des moines, deux hommes s'élançant d'un coin où ils étaient embusqués, lui barrent le passage et réclament la sainte hostie.
Avant de tomber entre leurs mains, le prêtre a le temps de l'avaler.
Furieux, et dans l'espérance impie de commettre encore la profanation, les barbares lui coupent la tête, laquelle rebondie sept fois, creusant sept trous où l'herbe ne repousse jamais.
Le corps, nul ne sait s'il est réellement enterré là, mais la dévotion n'a jamais cessée. Les malades, les fiévreux, accourent de toutes parts au lieu de la sanglante immolation. Le rituel s'est peu à peu orienté pour les enfants connaissant des problèmes liés à la marche.
Les nombreuses croix de bois et autres objets de culte parsèment la tombe au côté d’une quantité de chaussures d’enfants variant de une à plus d’une dizaine !
L’état de certaines chaussures et croix de bois prouvent bien que le lieu est encore visité et le martyre invoqué.
La tradition est unanime sur les faits. La difficulté réside à préciser l’époque à laquelle remonte le cruel évènement. Beaucoup vous situeront le drame au moment de la Révolution, comme tant de ces « tombes de mémoire » qui ponctuent le sol morbihannais.
Il ne peut s’agir du prêtre sous la Révolution de 1789, car le recteur de l’époque est mort en 1821. Les circonstances peuvent laisser croire au XVIe, car bien souvent les huguenots étaient connus pour leurs crimes et leur haine contre l’Eucharistie.
La stèle des Martyrs (XXe)
En bordure de la route départementale D16, Locminé-Pluvigner, cette stèle est érigée à la mémoire de 7 jeunes patriotes morts au combat le 28 juin 1944.
Les corps de trois d’entre eux, âgés de 20 ans, Jean JARNO, Jean MARTIN et Joseph GUERNEVE, originaires de Grand-Champ, sont ramenés à la chapelle du perpétuel-Secours.
Mais la veille des obsèques, la Gestapo les fait disparaitre vers une destination inconnue…
Le Calvaire de l’église (XVIIIe-XIXe)
C’est une croix de granit de l’ancien cimetière.
Elle se dresse auréolée d’une gloire au sommet d’un fût écoté (Se dit des pièces et partitions héraldiques qui ont des bordures et des lignes crénelées en biseau), sur un soubassement à plusieurs étages sur lequel se tiennent les statues de la Vierge et de Saint Jean.
L’effigie de ce dernier fut remplacée en 1987 après le vol de la précédente statue.
Le socle est sans doute plus ancien (XVIIIe) et la croix fut érigée le 2 juillet 1837 par le recteur CARADO.
Croix du chemin de la Grotte (XIXe)
Un très beau chemin permet d’accéder à la Grotte de Notre Dame de Lourdes et la Vallée du Loc’h, depuis le carrefour de la Grandville, en bas du bourg.
Ce sentier mène jusque l’arrière de la chapelle. La croix se trouve au bord du chemin creux.
Elle est de section carrée et se dresse sur un socle dans un cartouche daté de 1818.
Elle est l’œuvre d’un meunier de la Grandville, désireux de témoigner à Dieu sa reconnaissance d’avoir échappé à un danger qui menaçait sa vie.
On prétend qu’à l’endroit où elle s’élève, le meunier qui s’attardait quelquefois dans l’unique auberge du bourg, rencontra un lutin qui lui faisait régulièrement la conduite, jusqu’au pont dit Pont er lan où il s’efforçait de le précipiter dans l’eau. Une fois même, le lutin eût la complaisance de le conduire jusqu’au moulin pour y faire un vacarme épouvantable. Dans sa détresse, le malheureux homme eût recours à M. CHANIO qui lui conseilla sans doute l’érection de cette croix.
Croix du Rohu
Cette croix monolithe est difficile à dater, car aucune inscription n’y est mentionnée. L’abbé GUILLOUX dans son ouvrage « Brandivy, étude sur une paroisse bretonne » (éd. Le livre d’Histoire) apporte les précisions suivantes :
De toutes les croix de la commune qui précèdent la Révolution, une seule, la croix de Rohu, se dressait dans le voisinage d’une voie ancienne, la voie de Locminé à Auray.
D’après le concile de Clermont, daté de 1095 : « Si quelqu’un, poursuivi par ses ennemis se réfugie auprès de quelques croix sur les chemins, il doit y trouver un asile assuré comme dans une église ».
Certaines de ces croix servaient aussi de cimetière. On y venait enterrer ses proches, ce qui entraina une ordonnance de Jean, évêque de Saint-Brieuc, pour prescrire aux paroisses de faire des cimetières, et pour interdire les inhumations auprès des croix placées sur les grands chemins.
La croix du Rohu date probablement du XVIIe et l’Abbé GUILLOUX émet la supposition que celle-ci fut peut-être dressée à l’époque de la grande peste en Bretagne. Celles-ci furent appelées Croez er vocen parce qu’elles firent reculer le fléau.
La croix de la Grotte de Lourdes
Cette grande croix de bois date du début du XXe.
Les manoirs et châteaux
Le manoir de Kergal (XVe)
Propriété privée (visible de la route. Merci de respecter l'espace privatif)
Bâti à une petite distance du Pont-er-Gal, ce manoir en a peut-être tiré son nom. Au Pont-er-Gal aboutissait un embranchement du fameux Hent Conan.
Divers aveux du XVIIe signalent « la maison et manoir de Kergal avec ses jardins, vergers, bois de futaie, taillis (peuplement forestier), pourpris (enceinte, enclos) et ses dépendances… » Nulle part il n’est question de l’étang. Il se trouvait à l’ouest du manoir, dans une pièce de terre nommée « er visclen ». La tradition le dit, l’étymologie de visclen le prouve, l’inspection des lieux le confirme.
Kergal appartenait vraisemblablement, en 1400, à Pierre de LANTIVY, sieur de Talhouët ; en 1482, d’après certains textes, à Olivier d’ARRADON. L’ensemble de l’édifice ne saurait donc être attribué à Pierre DANIELO.
L’examen de la façade concorde avec les données de l’histoire. Une moitié de l’édifice paraît appartenir entre fin XVIe et début XVIIe et l’autre moitié à la Renaissance.
Dans la partie ancienne, les fenêtres ont la forme carrée et longue. Toute devaient être, dans le principe, divisées par des croix de pierre ; quelques-unes le sont encore. Les fenêtres combles sont surmontées de frontons (ornement d’architecture) triangulaires ornés de crochets, avec des animaux sculptés à la base. L’un des frontons se termine par une statuette. Au centre de ce fronton, apparait une petite accolade garnie de crosses et refermant des armes.
Une tour qui renferme l’escalier se trouve du côté opposé à la façade principale. Rien d’ailleurs qui ressemble à une forteresse, à l’exception des solides grillages qui abritent les fenêtres du rez-de-chaussée. Le manoir possède aussi une chapelle privée.
Lorsque Pierre DANIELO résolut d’agrandir le manoir, il ne manqua pas de suivre le genre d’architecture usité en son temps. Les fenêtres du rez-de-chaussée et des chambres conservent la forme carrée longue et des grillages protègent celles du bas ; mais des pilastres décorent celles des chambres et un fronton circulaire muni de crochets couronne la lucarne.
Celle-ci est à peine cintre (courbure intérieure d’un arc) et ornée de pilastres (Pilier engagé dans un mur, un support ; colonne plate formant une légère saillie) qui supportent leur entablement (Saillie au sommet des murs, qui supporte la charpente de la toiture).
Ce dernier trait annonce une époque postérieure à François Ier. Cette partie aurait donc été exécutée entre 1548, date de l’avènement de Henri II, et 1557 date de la mort de Pierre DANIELO.
La tour constituait encore à cette époque, pour toute maison seigneuriale, l’appendice indispensable. Aussi, l’abbé de Lanvaux n’eut garde de l’oublier. Il en érigea même deux, l’une à pans coupés et l’autre de forme cylindrique dont il flanqua les angles du nouvel édifice à l’est. La première est toujours intacte, la seconde a été abattue, après avoir perdu sa toiture en plomb, que les Chouans, parait-il, employèrent à faire des balles.
Dans chacune des tours fut placé un escalier en pierre pour le service des appartements. Au total, ce manoir est encore un bijou d’architecture, malgré les dégradations inhérentes à l’état d’abandon dans lequel il fut laissé (à l’époque contemporaine de l’abbé GUILLOUX, soit fin XIXe, début XXe).
Le château de la Grandville (XVe et XVIe)
Propriété privée : se renseigner auprès de l’office du tourisme de GRAND-CHAMP
La Grand’Ville ou Grandville, en breton, équivaut à Ker Meur. Les deux mots ont exactement la même signification. Même si aujourd’hui l’usage du nom celtique n’est plus, au XVème siècle, celui-ci était aussi courant que son équivalent français.
A l’appui de cette assertion, citons un exemple : « Jean de la Grandville, chanoine de Vannes, recteur de Radenac de 1494 à 1506, se nommait aussi Jean de Kermeur».
Toutes les anciennes seigneuries de la localité portaient des noms bretons. Pourquoi celle-ci ferait-elle exception à la règle générale ?
L’Abbé GUILLOUX écrit dans son ouvrage (1) : « Il eût été désirable de posséder une description détaillée de notre manoir. Pour tout renseignement, on est réduit à un maigre procès-verbal de 1822 : « Maison ayant cour au midi et jardin au nord et levant, enclos au couchant planté de hêtres, sapins et chênes… le tout cerné de murs… » Et encore omet-il de mentionner un mur intérieur qui entourait d’assez près la maison même.
Ces deux murs constituaient les anciennes fortifications de la Granville ; Il n’en reste plus que quelques vestiges. Quant au manoir, il a fait l’objet de nombreuses réparations, sans rien perdre de son air antique. Il se compose de deux corps de logis, formant la moitié d’un carré ; à l’angle se dresse une tour octogone qui renferme un escalier. Les fenêtres ont pour la plupart la forme rectangulaire. Certaines d’entre elles sont encore partagées par des traverses en pierre.
Une fenêtre des combles, avec son fronton triangulaire garni de figures et de crochets, rappelle celles de Kergal. Les portes s’ouvrent sous des arcades au cintre surbaissé. Ces dernières sont à plusieurs retraites et sont surmontées d’accolades avec chou et crosses. Le même ornement se remarque sur quelques fenêtres.
Ces accolades et ces feuillages frisés annoncent un ouvrage de la fin du XVème siècle. C’est l’avis de l’architecte DOUILLARD.
On raconte que Bertrand Du GUESCLIN aurait passé la nuit du 28 septembre 1364 au château, à la veille de la Bataille d’Auray.
Quatres illustres familles ont successivement occupé le manoir de la Grandville : celles des GUEHO (de 1280 à 1558), des d’ARRADON (en 1558 et jusqu’en 1630), des Bidé (du XVIIe au XXe siècle) et de CUVERVILLE.
La famille GUEHO, seigneurs de la Grandville
Le premier seigneur de Grandville fut Amaury GUEHO, en 1480. L’Abbé GUILLOUX précise connaître des GUEHO antérieurs à cette date, mais sans pouvoir affirmer qu’ils furent aussi seigneurs de Grandville.
La famille d’ARRADON, seigneurs de la Grandville
La maison d’ARRADON, déjà puissante par ses propres ressources, sût encore accroître son patrimoine par des alliances plus avantageuses. Georges d’ARRADON, seigneur du Plessix en Caudan, naquit en 1562. S’il ne servit pas la Ligue à la tête des armées, il ne l’oublia pas au parlement de Bretagne où il était conseiller. Le chapitre de Vannes le choisit pour évêque en 1590. Sacré en 1592, Georges d’ARRADON prit possession de son siège en 1593 et mourut en 1596.
Le château de la Grandville est une propriété privée. L’accès au parc est ouvert en juillet et août à des heures et des jours précis.
L’Abbaye de Lanvaux (XVIIIe)
Propriété privée.
Ce monastère fut fondé en 1138 par Allain, seigneur de Lanvaux, à une petite distance de son château, en faveur des moines de Cîteaux.
C’était un riche et puissant seigneur ; il avait son manoir bâti sur une motte féodale, entre l’étang de la Forêt et le parc de Lanvaux (aujourd’hui forêt domaniale de Lanvaux). Il parait aussi avoir possédé, à deux kilomètres de là, vers l’ouest, une autre motte féodale, entre les villages de Bieuzy et de Benalec. Leurs dimensions considérables donnent encore aujourd’hui une grande idée de la puissance du propriétaire.
Le premier abbé, RUAUD, est élu évêque de Vannes en 1143 et décède en 1177. L’abbaye est dirigée par des abbés réguliers jusqu’en 1516 puis par des abbés commanditaires. L’abbaye possédait jadis une haute, moyenne et basse justice qui s’étendait sur les paroisses de Grand-Champ, Plumergat, Pluvigner, Plumelin et Moustoir-Ac.
A partir de cet établissement monastique, commencent les défrichements et la mise en valeur des landes et bois qui couvrent le territoire (cf. carte : le bois des moines).
Il subsiste quelques vestiges de cette époque, et surtout la maison abbatiale reconstruite au XVIIIe siècle.
La fontaine Saint Nicolas à proximité fut très endommagée par la tempête de 1987.
La forêt de Lanvaux est entretenue depuis l’arrivée des moines. Les arpenteurs royaux la visitent en 1726 et en dressent un plan (Archives Nationales).
Prévue pour une dizaine de moines, l’abbaye n’en compta guère que cinq à six jusqu’à la Révolution. Elle eut, en effet, une existence difficile et fut même désertée par ses religieux au temps de la Ligue. C’est à grand peine qu’on parvint à y introduire la Réforme au milieu du XVIIe.
Comme la plupart des monastères, elle était bâtie autour d’un cloître dont la galerie, au XVIIe, était supportée par des colonnes de bois tournées. Au nord, l’église primitive fut d’abord romane, puis, au fil des siècles, reconstruite partie après partie. Le chœur fut repris à la fin du XVe siècle, et peu à peu meublé de belles stalles dont les sculptures s’inspiraient du fabliau du Renard et des poules.
Vers 1628, il fut doté d’un « retable à quatre colonnes, corniches et architraves et tableau au milieu ».
L’état du reste de l’église ne cessait de s’aggraver : « nef caduque et ruineuse », « longère nord tout surplombée et crevassée », chapelles latérales, basses, obscures, humides, inutilisables. L’aile nord s’écroula en 1661 et l’autre menaçait de ruine.
Grâce à une coupe de bois dans la forêt, les travaux de restauration purent être entrepris à partir de 1667. On « pointillona » la couverture de la nef, depuis le pignon jusqu’aux piliers de la croisée et l’on reprit, en sous-œuvre, les murs percés de six fenêtres et d’une porte donnant sur le cloître.
Vingt ans après, les ailes du transept furent reconstruites à leur tour, de sorte qu’il ne restait plus grand-chose de l’édifice primitif.
Les bâtiments claustraux n’eurent pas moins à souffrir. En 1614, Ils étaient « sans fenêtre, ouvert à tous venants, sans être à couvert des injures du temps ». A diverses reprises, les abbés les restaurèrent ou les rebâtirent, mais toujours parcimonieusement. Le logis abbatial qui se trouvait à l’origine dans l’aile orientale du monastère, fut transféré en 1671 à l’extérieur de la clôture, mais, mal construit il dût être refait en 1756.
La Révolution expulsa les moines et le domaine fût vendu. Il servit d’abord à une verrerie puis à une fonderie. Peu à peu, les bâtiments y compris l’église, tombèrent en ruine et sont aujourd’hui à peu près complètement rasés (il subsiste un pan de l’église).
Comme seul souvenir de l’antique abbaye, il reste la demeure de l’abbé.
Motte féodale de Lanvaux (XIe et XIIe)
L’ancien Château Fort de Lanvaux (XIe siècle), surnommé aussi « château de la Forêt », fut propriété de la famille LANVAUX jusqu’en 1238, date à laquelle il fut réuni au duché de Bretagne.
Détruit au XIIIe siècle après la révolte d’Olivier de LANVAUX contre le duc Jean Ier (1237 ou 1247), il fût reconstruit après 1485 par Louis, duc de Rohan, et de nouveau détruit après les guerres de la Ligue (fin XVIe ou début XVIIe siècle). Subsistent la motte, les fossés (nord et ouest), et quelques substructions (Construction servant de base à une autre construction) à l’Est.
Le 21 avril 1792, les restes du château, en ruine, sont vendus nationalement pour 9 089 livres à Charles VILLEMAIN, négociant à Lorient. Le tout est revendu le 15 juillet 1834 au roi Louis-Philippe, puis racheté le 18 décembre 1852, par M. de VIREL. Un arrêt du tribunal de Vannes, en date du 28 juillet 1864, l’adjuge à la commune de Brandivy.
Le manoir de Saint Derven
Il fut le siège d'une ancienne seigneurie ayant appartenu successivement aux familles GRIGNON, MAILLE et ROBIEN. Il possédait autrefois une chapelle privée.
La fontaine des sabotiers
Située à La Granville, les sabotiers s'y installaient autrefois pour fabriquer les sabots.